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histoire des églises et chapelles de lyon

contre les contreforts, des deux côtés, oriental et occidental, de l’église ; le Préfet les avait octroyées sans réserve et aucune restriction n’avait été mise, en son arrêté, trois ans auparavant ; elles faisaient corps avec les murailles, sur lesquelles elles s’appuyaient, qui portaient leurs toitures, et en formaient le fond ; le domaine refusa de rien entendre ; son délégué déclara qu’il n’était pas en son pouvoir d’outrepasser les ordres que la Direction lui avait envoyés à cet égard. Il fallut s’incliner, en protestant platoniquement, pour la conservation des droits de la commune méconnus. On ne saurait imaginer quelle source d’embarras et de multiples contestations fut, pour l’avenir, un voisinage aussi déplaisant, aussi compliqué à régler. Ces échoppes furent vendues, à la fin d’avril 1807 ; la fabrique, incapable de les racheter, sans un emprunt, accablée déjà de dettes, se désintéressa des enchères ; elle eut désormais à se débattre avec des propriétaires entreprenants et des locataires, qui maugréaient sans cesse contre les baux draconiens, dont souffraient leurs aises et leur métier de savetier. Plus tard et à mesure que l’occasion en était offerte, on racheta, mais à des prix exorbitants ; la fabrique y consuma le plus net de ses économies et ne s’affranchit d’aucun de leurs inconvénients.

Dans quel état lamentable de dévastation et de ruine, le sanctuaire où les religieux de saint François d’Assise, durant plus de cinq cents ans, avaient entassé à profusion les merveilles de l’art et les dons de la reconnaissance publique, était-il rendu à la religion, à ses assemblées et à ses cérémonies sacrées ? À en juger par les mémoires des experts et des architectes, il était capable de décourager les plus hardis et l’on s’expliquerait, sans étonnement, que les auxiliaires, les moins timides, de M. Pascal, aient déclaré la tâche au-dessus des forces humaines. Cette tentation de découragement fut courte et la justice commande, au contraire, de les louer d’un dévouement et d’une activité, très supérieurs à la mesure ordinaire.

On se rappelle que le dépouillement de l’église Saint-Bonaventure s’effectua dans la seconde moitié de janvier 1797 ; on enleva alors les autels, les marbres, les tableaux, les boiseries et les stalles ; on vida la sacristie et le cloître. La laïcisation de l’édifice fut complète ; on accommoda la nef centrale pour la halle ; on loua les chapelles, après les avoir murées à l’intérieur ; l’entrepôt des pompes municipales fut placé dans le bas côté de gauche ; un corps de garde installé à l’entrée occidentale ; un écuyer, le sieur Berthaud s’y arrangea une habitation, l’écurie de ses chevaux et un manège ; des charpentiers y déposèrent leurs bois, des voituriers et des aubergistes y remisèrent leurs chars et leurs marchandises. L’enduit des murs avait été gratté par les salpétriers ; les vitres des fenêtres cassées par le vent, les châssis arrachés ; le dallage entier avait disparu. La toiture n’était pas la partie la moins endommagée ; des gouttières partout, les poutres pourries ; les voûtes lézardées trouées et béantes, sur le chœur entièrement effondrées. D’ici et de là, des monceaux de décombres, des débris provenant des sépultures violées, des immondices de voirie.

Ce qui était plus affligeant encore, car on ne voyait guère le moyen d’y remédier, sinon en entamant des procès, qui menaçaient de ne pas finir, résultat d’un état, créé par le lotissement de la vente de 1796. et de la tolérance qui avait suivi, et qui avait souffert des