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ils n’osent pas encore s’adresser la moindre parole, et ce fut seulement après la messe, par laquelle s’ouvrit la fête, que la vierge remercia le héros pour la valeureuse assistance qu’il avait prêtée à ses frères. « Je l’ai fait pour vous servir, Chriemhilt, » répondit Sigfrid. Il resta ainsi douze jours en présence de Chriemhilt ; puis se termina la fête. Au bout de ces douze jours, les conviés s’en retournèrent, et Sigfrid lui-même se prépara à partir ; « car il n’osait pas espérer ce qu’il désirait tant ! » Néanmoins il céda facilement aux instances du jeune Giselher, qui le pria de demeurer plus long-temps là où, comme le dit naïvement le poète, « il se trouvait au mieux, » et où chaque jour il pouvait voir Chriemhilt.

Or, il y avait de l’autre côté de la mer une reine d’une beauté non moins merveilleuse que sa force : les hommes qui prétendaient à son amour devaient rompre des lances avec elle ; elle luttait avec eux à qui jetterait le plus loin une pierre énorme, et, après l’avoir lancée, elle se précipitait elle-même d’un bond et arrivait au but avant la pierre. Celui-là seul qui la vaincrait à ces trois jeux devait la posséder. Celui, au contraire, qui était vaincu par elle, perdait la tête. Maint héros déjà s’était embarqué dans l’espoir de conquérir l’amour de Brunhild ; maison ne l’avait pas vu revenir. Il advint, vers ce temps-là, que Gunther, le roi de Bourgogne, voulut risquer sa vie pour obtenir cet altière et forte beauté. Il prie Sigfrid de lui venir en aide dans les épreuves. Sigfrid y consent, à la condition que Gunther lui promettra la main de sa sœur Chriemhilt. Le roi s’engage à le faire dès qu’il aura conduit Brunhild à Worms. Cette promesse reçoit la