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Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/108

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la fiancée de Sigfrid ! » Gunther cède à ces instances et envoie des messagers à Sigfrid : ces messagers trouvent le héros de Xanten au burg des Nibelûngen, dans le pays de Norwége : ils l’invitent, de la part de Gunther à une grande fête qui sera célébrée à Worms, à la cour de Bourgogne, à l’époque du solstice d’été, selon l’antique coutume des races germaniques. Sigfrid tient conseil avec ses fidèles. Ceux-ci, d’accord avec le vieux roi Sigmund, père de Sigfrid, sont d’avis d’accepter l’invitation ; ils conseillent à Sigfrid et à Chriemhilt de partir pour Worms sur le Rhin, avec une armée composée de mille nobles, sans arrière-pensée et sans crainte, dans la joyeuse sécurité de l’innocence. Le vieux Sigmund doit conduire l’armée des nobles. On part donc, emportant avec soi de riches présents, de l’or rouge et brillant, ainsi que toutes sortes de bijoux précieux, afin de prouver la libéralité d’un puissant roi à la cour de Bourgogne. Toutefois le jeune Gunther, l’unique enfant de Sigfrid et de Chriemhilt, fut laissé en Norwége : il ne devait plus revoir son père ni sa mère.

Une brillante réception attend les hôtes à Worms. En même temps qu’eux se presse à l’entrée de la ville royale la foule des chevaliers attirés par le tournoi : on voit chevaucher à travers les rues les rois avec leurs escortes, revêtus des costumes les plus magnifiques ; et les nobles dames admirablement parées, ainsi que les belles jeunes filles, sont assises aux fenêtres. On entend retentir de toutes parts le bruit des trompettes et des flûtes. Mais aux accents doux et sonores de la joie, aux cris de fête, se mêle par instants l’aigre son de la haine et de l’orgueil froissé ; les mur-