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cathédrale, Brunhild s’arrête de rechef, ordonne encore une fois à Chriemhilt de suspendre sa marche, et la somme de prouver ce qu’elle a avancé. La reine altière veut voir si sa rivale maintiendra son assertion ; car, si Sigfrid s’est vanté d’avoir obtenu ses faveurs, elle tirera de lui une vengeance sanglante. Alors Chriemhilt montre l’anneau que lui a donné son époux ; et comme Brunhild cherche à détruire cette preuve en disant que l’anneau lui a été dérobé, Chriemhilt montre aussi la ceinture. À cette vue, l’orgueilleuse reine est confondue, mais elle forme aussitôt le dessein d’une vengeance signalée. Nul doute désormais que Sigfrid ne se soit vanté auprès de son épouse de ses précédentes relations avec la reine d’Islande, ainsi que de la double défaite de cette dernière, due non pas à Gunther, mais à la force merveilleuse du héros de Xanten. Son offense a été publique, et elle la ressentira jusqu’à sa dernière heure. Sigfrid doit mourir pour assouvir sa haine. Cependant le héros, qui n’a rien à se reprocher, qui n’a fait à sa femme aucune confidence dictée par un vain orgueil, ne songe pas à s’inquiéter des suites funestes qui vont résulter de cette querelle entre les deux reines. « Le chagrin que ma femme a fait à la tienne me peine au delà de toute mesure, dit-il à Gunther ; oublions ce qui s’est passé, nos épouses doivent l’oublier comme nous. »

Mais Brunhild ne l’oublie pas, elle ne peut pas l’oublier. En proie à la rage, elle remplit de ses plaintes sa chambre solitaire. Hagen la rencontre, et ne tarde pas à apprendre l’affront profond qui lui a été fait. Sa maîtresse et reine pleure, insultée, blessée à jamais par un vassal : ce vassal doit mourir. Les frères de la