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Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/128

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des ondes qui, sous la forme de deux sirènes, au buste de femme et au corps de cygne, se livrent au plaisir du bain. Hagen, qui sait que de telles femmes possèdent le don de connaître l’avenir, et qui sait le moyen de leur arracher des oracles, s’empresse de dérober leurs voiles. Soudain ces formes merveilleuses entr’ouvrent leurs ailes de cygnes et dirigent leur vol de son côté. Dans le but de ravoir leurs voiles, l’une des sirènes lui prédit de grands honneurs dans le pays d’Etzel. La ruse réussit, et Hagen lui rend les voiles. Au même moment, la seconde sirène lève la tête au-dessus des flots et fait retentir cette voix de malheur : « Hagen, fils d’Adrian, je veux te donner un conseil. Reviens sur tes pas pendant qu’il en est temps encore ; pas un seul de ces hommes dont se compose votre grande armée ne repassera le Danube ; pas un seul, excepté le chapelain du roi. »

Suit une lutte entre Hagen et un batelier qu’il ne tarde pas à rencontrer. Hagen le tue et jette son cadavre dans le fleuve. Les rois arrivent alors et aperçoivent le sang qui fume encore sous la barque. Maintenant qu’on est en mesure de franchir le Danube, le héros de Tronei se charge de transporter l’armée tout entière sur l’autre rive. Plusieurs heures sont employées à ce travail, qui, à cause de l’exiguïté de la barque, exige un grand nombre de voyages. Mais, quand arrive le dernier transport, dont le chapelain du roi faisait partie, Hagen saisit ce dernier et le lance au milieu des flots. D’abord le malheureux chapelain s’efforce de rattraper la barque à la nage ; mais, à l’instant où il allait en toucher le bord, l’impitoyable Hagen le repousse de nouveau vers le fond du fleuve.