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tenir au roi des Huns ; Sigfrid ne reviendra pas ; il y a beau temps qu’il est enterré. — De quelle manière Sigfrid a reçu le coup fatal, nous ne voulons pas le savoir, répond Dietrich d’un ton grave ; toujours est-il que, tant que vivra Chriemhilt, de grands malheurs seront à craindre. Toi surtout, Hagen, prends garde plus que personne. »

Cependant la nouvelle de l’arrivée des Bourguignons parvient jusqu’au roi des Huns. Etzel et Chriemhilt s’élancent à la fenêtre pour voir s’avancer les troupes. Voilà qu’apparaissent au loin les écus et les casques, surmontés d’un aigle, des héros de Bourgogne : « Ce sont bien là mes parents et alliés, s’écrie Chriemhilt ; maintenant, que celui qui veut m’être agréable pense à mon affliction. » Les Huns se pressent en foule, avides de découvrir dans cette armée nombreuse les traits d’un seul homme, de l’impitoyable Hagen de Tronei, de celui qui a frappé mortellement Sigfrid des Pays-Bas, le plus vaillant des héros, le premier époux de Chriemhilt. « Quel est, s’écrie tout à coup du haut de sa fenêtre le roi des Huns, quel est ce puissant guerrier qui chevauche là-bas à côté de Dietrich ? » Un vieux Bourguignon, venu jadis avec Chriemhilt dans le pays des Huns, lui répond : « Ce guerrier est né à Tronei ; Adrian fut son père : en ce moment, il paraît doux et amical auprès de Dietrich ; mais c’est un homme de l’âme la plus courageuse et la plus terrible. »

Les troupes, composées de la noblesse inférieure et des simples hommes d’armes, furent logées en commun, sous la garde et le commandement de Dankwart ; la haute noblesse et les rois trouvèrent place