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lui pèse sur le cœur ; témoin cet admirable sonnet sur Venise :


Il semble qu’un soupir, un éternel soupir,
Peuple l’air embaumé d’échos mélancoliques ;
C’est un soupir qui sort de ces brillants portiques
Qu’habitaient seuls jadis les chants et le plaisir.

Car Venise déjà n’est plus qu’un souvenir ;
Elle dort du sommeil des vieilles républiques.
En vain vous attendez, vagues adriatiques,
Le doge fiancé qui ne doit plus venir.
 
De quel royal éclat tu brillais, ô Venise !
Au temps où te peignait Paul Véronèse, assise
Sur un velours d’azur, tenant un sceptre d’or !
 
Seul, au Pont des Soupirs, un poète, à cette heure,
Penché vers ta beauté, rêve, contemple et pleure…
— Hélas ! jamais les pleurs n’ont réveillé la mort !


Après ces citations, qui suffisent pour faire connaître la pensée du poète sur l’état politique de l’Italie, hâtons-nous de revenir à ses préoccupations plus désintéressées et constantes d’art et de poésie, et tâchons de traduire, sans les défigurer complètement (hélas ! que deviendront le rhythme et la musique ?), quelques-unes de ses odes et de ses églogues.


florence

C’est à bon droit, Florence, que tes aïeux étrusques t’ont nommée la ville florissante : — non point parce que l’Arno ronge le pied de tes collines, dont la plus chauve épanche encore à flots l’huile et le vin ;