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Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/178

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Les génies favorables t’ont comblé deux fois de leurs dons : tu possèdes le secret de séduire les yeux par le charme animé des couleurs, et tu sais aussi enlacer les mots flexibles dans le rhythme ailé.

Quand tu auras franchi de nouveau les glaces du Nord, quand le golfe divin de Parthénope ne luira plus que dans ton souvenir ému, et que ses collines et ses îles ne surgiront plus pour toi que des vapeurs incertaines et flottantes du rêve ;

Alors, oh ! songe alors à l’ami qui ne cesse de caresser ta pensée dans son cœur fidèle ; songe à l’ami qui souhaite à tes chants l’essor audacieux et sublime de l’aigle, le sillage harmonieux du cygne !


acqua paolina

Nulle fontaine, — et l’on sait combien Rome en compte dans sa spacieuse enceinte, soit qu’ici l’eau jaillisse de la bouche d’un Triton, soit que, plus loin, elle retombe doucement perle à perle de bassins de marbre, soit enfin qu’elle s’épanche à larges flots du haut de coupes gigantesques ;

Nulle fontaine, si loin que le fils de Mars ait jadis porté ses pas victorieux, nulle fontaine ne saurait t’être comparée, à toi qui, du sommet du Janicule, lances sur la cime de colonnes de granit, tes cinq bras qui semblent autant de fleuves écumants.

C’est là que m’appelle la Solitude, ma chère fiancée ; c’est de là que le regard entouré de merveilles peut contempler à la fois la Rome du serviteur des serviteurs de Dieu et la Rome des triomphateurs.

Fier de sa couronne de murailles à moitié rongée par la dent des siècles, ici se dresse le Colysée ; mais toi aussi, comme l’orgueil de ton éternité se lit sur chacun de tes piliers, ô palais Farnèse !

Où du sombre Dieu dont le bras lançait la foudre l’aigle victorieux déployait jadis ses serres acérées et puissantes, à