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Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/211

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Aucun oiseau ne vient plus chanter sous mon feuillage ;
Aucun ne vient partager ma douleur, comme il a partagé ma joie ;
Les abeilles me fuient également ;
Aucun cœur ne connaît plus le triste vieillard.

Orage impétueux, viens me frapper de ta foudre !
Viens me soustraire au dédain, à la raillerie ;
Et que ma cime dégarnie tombe
Consumée par les flammes d’un saint sacrifice !


halte du soir à l’auberge

Nous sommes venus de bien loin ;
Nous avons traversé maint vallon,
Mainte montagne hérissée de rochers ;
Nous avons enduré poussière et ardeurs du soleil.

Nous voilà assis, trois gais compagnons,
Auprès du vin frais qui brille dans nos verres ;
Mais nos pensées les plus intimes
S’envolent au loin, au loin.

Chacun de nous est silencieux, il ne s’entretient
Qu’avec son propre cœur ;
Chacun sourit, car il aperçoit
L’image de sa douce amie.

La tienne aussi, ma bien-aimée, vient se présenter à mes rêves,
Comme la lueur de rose du matin,
Avec ses yeux bleus comme le ciel,
Avec ce front pur comme celui d’un ange !

Je voudrais, dans mon extase, pousser des cris de joie ;
Mais les autres sont encore tout plongés dans leurs rêves d’amour ;