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Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/222

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Je termine à dessein par cette pièce, qui résume toute la vie du poète et qui sera certainement son meilleur portrait. Qui ne verrait avec émotion et respect cette légitime fierté chez ce vétéran de la poésie, demeuré ferme et debout sur tant d’espérances déçues et sur tant de ruines ? Salutaire exemple pour ces générations nouvelles qui semblent abdiquer toute énergie morale et se déclarer vaincues avant d’avoir lutté. Honneur à ce noble vieillard qui porte avec une égale sérénité, toujours inaltérable, et qui portera pendant de longs jours encore, espérons-le, la double couronne des années et de la poésie !

M. Louis Spach, actuellement archiviste du Bas-Rhin, s’est très-nettement posé le champion de la langue française. Une semblable profession de foi exigeait un certain courage. M. Louis Spach avait le courage et le talent. Non seulement il plaida sa cause avec résolution et habileté, mais encore il prêcha d’exemple. Après avoir donné sa mesure comme poète allemand, il voulut devenir et devint un écrivain français dont il y aurait injustice à contester le mérite. Il a déposé ses preuves et ses titres dans plusieurs ouvrages, notamment dans deux romans, Henri Farel et le Nouveau Candide, à l’occasion desquels des critiques importants, entre autres M. Saint-Marc Girardin aux Débats, lui délivrèrent des lettres de noblesse. Ses poésies allemandes renferment de fort belles parties, et la forme en est généralement remarquable. On y reconnaît la main d’un artiste familiarisé avec les procédés des maîtres. Il a surtout réussi toutes les fois que, sous l’impression de ses souvenirs de voyages, il s’est inspiré des beautés naturelles dont son imagination avait