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des maîtres-chanteurs-ouvriers de l’Allemagne, peut citer, à notre époque, dans les rangs du peuple, des écrivains et des poètes tels que le tourneur Daniel Hirtz, et le vannier Christian Hackenschmidt, tous deux domiciliés à Strasbourg. Ce sont aussi, reconnaissons-le, deux professions voisines de la poésie, par les idées riantes qu’elles éveillent, comme par les qualités d’art et de goût dont ceux qui les exercent doivent être doués. N’est-ce pas déjà un tourneur le poète qui sculpte avec soin sa strophe ou son sonnet, qui, comme ses confrères, les Benvenuto Cellini du bois, se courbe sur son œuvre pour en arrondir les formes, pour en polir les contours ? Et ne sont-ce pas déjà des doigts de poète, ceux qui, enlaçant avec habileté l’osier flexible, le transforment en gracieuses corbeilles oh les fraîches filles des bords du Rhin balanceront bientôt sur leurs têtes les fleurs et les fruits ?

Daniel Hirtz est donc, par métier, cousin germain de notre menuisier de Nevers, puisqu’il est tourneur, ou que, du moins, il l’était encore en 1848. Cœur, tête, et langage, chez lui tout est bien de souche germanique. Hirtz est peut-être le type le plus complet de l’artisan allemand en Alsace, que le frottement quotidien de la vie française ne parvient pas à dénationaliser. Il pense en allemand, il écrit en allemand, et il espère que l’Alsace redeviendra quelque jour allemande.

En attendant, les poésies de Daniel Hirtz, parfois un peu rudes, ne manquent ni de verve, ni d’une certaine originalité populaire, et si sa profession de tourneur a surtout fait sa renommée de poète, on doit constater, à sa louange, que sa physionomie lui appartient, et