Aller au contenu

Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 233 —

un écrivain irréprochable au point de vue de la morale, un chrétien vraiment pratique, un cœur débordant de charité. Il est l’auteur de quelques ouvrages en prose devenus vite et légitimement populaires. J’allais oublier de dire qu’il est né en 1809, ce qui importe peu après tout, puisque les poètes ont toujours vingt ans.

Je trouve une transition naturelle, de ces chantres-ouvriers à M. Dürrbach, auteur du poëme épique Rappolstein, dans une satire où ce dernier a pris pour héros un malheureux barbier saisi tout à coup du démon poétique. M. Dürrbach dépeint les tristes aventures de son Figaro, qui, après avoir imprudemment quitté le rasoir pour la lyre, ne tarde pas à tomber, en dépit — peut-être même par vengeance — d’Apollon, dans le dénûment le plus complet. Quel beau jour cependant que celui où le naïf barbier s’était vu imprimé pour la première fois ! « Imprimé ! La voix de l’écho dans le creux du vallon le proclama à la face des montagnes ! le doux murmure des vents et des vagues ne fit retentir que la grande nouvelle du barbier que l’on avait imprimé ! De même qu’aux jours du printemps le premier rayon du soleil appelle à la vie, à la joie tous les êtres de la création, de même le sentiment sublime de me voir imprimé m’inspira mille poésies belles et radieuses. Je me mis donc à chanter toutes sortes d’objets. Tantôt c’était une bête féroce, tantôt les charmes de l’amour, la pinte de bière et la lune, le vent et la gloire, les saucisses et la mort héroïque pour la patrie, la choucroute et la beauté, la nature et les pâtés de foie gras, la cathédrale et les brasseries. Ni la blanchisseuse qui lave son linge sale au ruisseau, ni le