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Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/243

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impossible de rencontrer en France. M. Dürrbach a donné dans Rappolstein une nouvelle preuve de cette aptitude du génie germanique aux développements, simples et merveilleux tour à tour, de l’épopée. L’élément essentiel et fondamental de l’épopée doit être la candeur. Les portions purement descriptives de Rappolstein sont, en général, bien réussies, et il y en a de fort belles. Le poète a été moins heureux dans les parties dramatiques et narratives. Cet ouvrage, qui fut publié sans le nom de son auteur, contribua cependant surtout, par sa valeur solide, à le faire promptement connaître. Depuis 1831, c’est-à-dire depuis sa nomination en qualité de ministre protestant à Strasbourg, M. Dürrbach a plus spécialement consacré son talent à la composition de poésies religieuses.

Revenons à Mulhouse, où nous trouverons, à côté des deux frères Stœber, un littérateur tout-à-fait distingué, un vrai poète, M. Frédéric Otte (George Zetter, d’après son acte de naissance). Né à Mulhouse en 1819, M. Frédéric Otte, puisqu’il faut l’appeler par son nom de guerre, entra dans l’industrie pour satisfaire au vœu de sa famille, ce qui ne l’empêcha pas d’employer fort heureusement ses loisirs à l’étude des langues, et bientôt aussi à des compositions poétiques. Ce partage de sa vie en deux portions si diversement occupées, a porté bonheur à M. Otte : au lieu d’étouffer son imagination, ce travail plus positif, et en quelque sorte matériel, qui lui prenait chaque jour un certain nombre d’heures, servit d’aiguillon à son esprit. Les habitudes d’ordre qu’il y contracta profitèrent à son inspiration, en la réglant, en la disciplinant, en donnant à l’écrivain le temps et la patience de l’attendre. Ce qui