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Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/268

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Elle marche silencieusement sur des sandales de velours ; je la vois, mais il semble que ce ne soit qu’à travers des flocons de brume. — Voilà maintenant qu’elle s’assied dans un coin et que, sur sa quenouille, elle file mes jours avec de doux rayons.

Est-ce toi, ô parque fatale ! qui tiens dans tes mains la trame de ma vie ? Les cris de mon âme auraient donc été entendus ! Arrives-tu de bien loin ? Oh ! n’est-ce pas plutôt toi, Marie ?

Mais n’es-tu pas plutôt encore la Norne qui préside à mes destinées ? — La chevelure d’or couvre la couronne d’épines : ah ! je te reconnais, tu es la Mélancolie !


Les femmes, les enfants et les fleurs lui inspirent des chansons pleines de tendresse, de fraîcheur, et souvent profondes ; et, dans cet ordre de compositions, il se montre un légitime héritier des Minnesingers. Les races germaniques ont eu de tout temps une vénération particulière pour la femme ; c’est à la femme que la religion d’Odin confiait la serpe d’or destinée à faucher le gui sacré. Elle était et elle est restée prêtresse. M. Maurice Hartmann n’en parle jamais qu’avec une émotion presque pieuse. Voici quatre vers de lui qui démontreront quelle importance il attache à l’influence de la femme sur les destinées humaines :


La femme est la lune du cœur.
En mal comme en bien.
Dans la joie comme dans la peine,
C’est elle qui produit le flux et le reflux.


Et l’amour, ce feu sacré, cette folie sacrée des poètes, qu’en dit M. Hartmann ? Écoutez-le :


Les abeilles partent pour butiner et elles volètent çà et là ; mais voilà qu’une clochette les rappelle — et elles font leur