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héros de la poésie allemande, Schiller et Gœthe, qui préludaient alors à leurs chefs-d’œuvre. Si, plus tard, ces réputations, établies d’ailleurs sur des travaux vraiment utiles, quelquefois même tout-à-fait remarquables, eurent à traverser un long intervalle d’éclipse, c’est que toute lumière devait pâlir devant l’immense et glorieux rayonnement de ces deux beaux génies. Les titres de la pléiade poétique de Gœttingue ne subsistent pas moins, et, je le répète, les noms qui en firent partie ont une place assurée dans l’histoire des lettres allemandes.

De tels précédents étaient bien faits pour stimuler l’émulation des générations survenantes, et l’on peut dire que la Basse-Saxe a tenu à honneur d’entretenir ce foyer traditionnel d’intelligence et d’élaboration choisie. La poésie n’a pas cessé depuis d’y être cultivée avec ferveur, et cette première moitié du xixe siècle peut aussi citer sa pléiade dans cet art charmant. Nous essayerons aujourd’hui de grouper en quelques pages ceux de ces nouveaux poètes qui ont tenté de recueillir l’héritage des anciens chantres de Gœttingue. Ils cèdent incontestablement le pas à leurs devanciers pour l’importance et la diversité laborieuse des œuvres ; mais, en revanche, on ne saurait nier que, du moins dans le genre lyrique, ils n’aient en général rencontré plus fréquemment l’inspiration naïve, le sentiment vrai, l’expression juste, le tour et l’image naturellement, franchement poétiques. Sans plus ample préambule, je vais maintenant esquisser les principales figures de la nouvelle pléiade.

Louis Schnabel est de la fin du dernier siècle (1792), mais ses vers sont pénétrés d’un sentiment de mélan-