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Jésus alors se penche au-dessus du ruisseau,
Et son manteau d’azur, dont il se fait un seau,
Puise l’eau qui veut fuir, mais rencontre un obstacle.
— Et la foule attentive admirait ce miracle.


la terrasse

Avec d’autres enfants, au haut d’une terrasse,
Jésus jouait. L’un d’eux, dont le pied s’embarrasse,
Tombe et roule sans vie. On vole à son secours ;
On veut le réveiller ; mais il dort pour toujours.
La pauvre mère, hélas ! accourt, le pauvre père,
Et chacun à l’envi, pleure et se désespère.
Dans la foule bientôt ce faux bruit est glissé :
— Quand cet enfant tomba, Jésus l’avait poussé !
Le mensonge était grave, il fallait le confondre :
— Naïm, reprends la vie afin de me répondre !
Lui dit Jésus ; Naïm, t’ai-je précipité ?
— Seigneur, répond l’enfant, tu m’as ressuscité.


le grain de blé

Joseph ensemençait son champ ; Jésus suivait,
Bénissant chaque fois le bras qui se levait.
Lui-même il prend un grain et le dépose en terre ;
Et ce grain tout à coup, miraculeux mystère !
Germe et dresse sa tige où luit l’épi doré ;
Et des milliers d’épis autour du grain sacré
Jaillissent, et le cercle, où l’or mouvant se presse,
Comme un flux vermeil monte et s’élargit sans cesse.
Et Jésus, rassemblant ceux qui manquaient de pain,
D’une douce voix dit : — Partagez-vous ce grain.