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c’est la réponse à mes trois questions qui pourrait seule me guérir.

— C’est donc du latin bien difficile, seigneur abbé ?

— Hélas ! mon brave Vénix, ce n’est point du latin, sans quoi les docteurs auraient pu me tirer d’affaire.

— Puisque ce n’est point du latin, seigneur abbé, pardonnez-moi de vous prier de me dire quelles sont vos trois questions. Ma mère n’était qu’une simple bonne femme, mais elle avait toujours réponse à tout.

Quand l’abbé de Saint-Gall eut formulé les trois questions, le berger lança joyeusement en l’air son bonnet de loup.

— Si ce n’est que cela, vous pouvez rengraisser, mon bon maître ; je me charge de parler pour vous ; mais il faudra que vous me permettiez de mettre, ce jour-là, votre cape et votre manteau.

Le jour venu, le berger, transformé en abbé de Saint-Gall, est introduit dans la salle où l’empereur présidait le conseil impérial.

— Eh bien, seigneur abbé, vous voilà plus maigre encore qu’à l’ordinaire ; il vous a donc fallu bien longtemps méditer pour trouver le mot de l’énigme ? Voyons d’abord la première question : Qu’est-ce que je vaux, à une parcelle près ?

— Seigneur empereur, le Fils de Dieu, notre sauveur Jésus-Christ, a été vendu trente deniers : Votre Majesté vaut juste vingt-neuf deniers, un denier seulement de moins.

— Bravo ! seigneur abbé, la réponse est habile, et je serais mal venu à ne pas m’en montrer satisfait ; mais je vous attends à la deuxième question, il ne vous sera sans doute pas aussi facile de tourner la difficulté.