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Ce vignoble du Menzenberg, dont pendant quelque temps une moitié appartint à ma mère, et que Simrock a depuis vingt ans considérablement augmenté, est devenu comme la maison de campagne, sans frais d’entretien, de tous les poètes de l’Allemagne moderne et, à titre privilégié, des poètes rhénans. Ferdinand Freiligrath y a passé plus d’un mois fleuri ; la plupart de ces gosiers sonores en ont goûté et célébré le vin, et au moment où je trace ces lignes, un noble et vaillant chanteur de la Bohème, Maurice Hartmann, qui, ce dernier automne, a caché son nid dans quelque fente granitique du Rolandseck, m’apporte les cordialités de mon cher oncle, dont il a été l’hôte au Menzenberg.

Pour en revenir à notre colonie nomade d’historiens épiques, je ferai remarquer que les ruines de la vieille abbaye de Heisterbach ne sont pas à une très-grande distance de cette Tempé du Menzenberg, et que Simrock les avait depuis longtemps recommandées aux investigations de ses amis, notamment de Kaufmann, qui en fit ultérieurement l’objet de deux études également estimées : César de Heisterbach et l’Abbaye de Heisterbach sous ses trois premiers abbés.

Le temps s’écoulait de la sorte, d’autant plus rapide qu’il était mieux rempli ; le talent et la réputation de Kinkel grandissaient, comme devait aussi se développer sa confiance dans l’empire exercé par sa parole sur un auditoire chaque jour plus nombreux, chaque jour plus charmé. 1848 éclata tout à coup au milieu de ces pacifiques théories de l’art. On sait le courant que suivirent bientôt beaucoup d’esprits comme frappés au même moment d’une même commotion élec-