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Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/352

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le plus sombre des jours

Le plus sombre des jours est celui dont l’anniversaire me rappelle que j’ai été mise au monde pour tant souffrir.

Ce jour-là, ô ma mère ! réponds-moi, est-ce que le ciel ne se fondait pas en eau, comme pour montrer sa commisération et sa pitié ?

Est-ce que l’on n’entendait pas les sourds grondements de l’orage ? et les sinistres plaintes de la tempête ne luttaient-elles pas contre la destinée qui voulait m’accabler de cette vie funeste ?

Ah ! si tu avais eu le pressentiment, rien que le pressentiment vague et lointain de toutes ces dures épreuves, de tous ces rudes sentiers qu’il me faudrait traverser !

Non, tu n’aurais pas voulu allaiter ta pauvre enfant ; tu l’aurais plutôt, de tes propres mains, précipitée au plus profond des flots !


les heures

Chaque heure qui passe nous fait sa blessure ; une seule, et c’est la dernière, nous tue et nous guérit.


à mes fleurs

Qu’avez-vous donc, fleurs bien-aimées ? Pourquoi vous incliner ainsi tristement vers le sol ? Vous vous désolez de voir que voilà de nouveau l’affreux hiver qui vient tout flétrir et tout ravager.

Ah ! chères fleurs, calmez-vous ! Qui donc est plus malade, plus épuisée que moi-même ? — Et pourtant, je chante, et je sais que le bonheur ne luira jamais pour moi.

Votre deuil n’est que de courte durée, puisque la pauvre haleine du printemps doit vous rendre une nouvelle vie em-