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Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/75

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âge : des hommes de toutes les nations, et surtout des juifs ; la confusion des physionomies, des costumes et des langues. Si Leipzig n’eût pas été le séjour de M. Maurice Haupt, je me serais demandé ce que j’étais Tenu faire dans cette ville envahie par les marchands. Toutefois, j’ai hâte d’ajouter que la foire de Liepzig est, avant tout, le rendez-vous des grands libraires de l’Allemagne et de l’Europe, et qu’à ce titre j’y trouvai encore plus d’un sujet d’étude intéressant. M. Maurice Haupt est un homme jeune dont on cite déjà le nom parmi ceux des maîtres les plus estimés. Il compte trente-huit ans à peine, et pourtant ses œuvres exigeraient une longue énumération. Il possède à fond la connaissance des poèmes épiques de l’Allemagne, et, quoiqu’il soit chargé de professer la littérature latine, sa plume s’est presque toujours exercée de préférence sur la poésie allemande du moyen-âge. Il a édité, en les annotant avec sagacité, plusieurs Minnesingers du XIIIe siècle ; en outre, il a été pendant quatre ans (1844 à 1845) le rédacteur en chef d’une revue consacrée exclusivement à l’antiquité classique, et dont les frères Grimm, Lachmann, Guillaume Wakernagel, Schmeller et Karajan s’honoraient d’être les collaborateurs.

J’ai remarqué chez M. Maurice Haupt une vive préoccupation de la vieille poésie française, préoccupation partagée aujourd’hui en Allemagne par un grand nombre de philologues, car nous ne sommes plus au temps où la vanité nationale empêchait de reconnaître au delà du Rhin l’imitation dont les troubadours français devinrent l’objet en Allemagne après l’ébranlement des premières croisades. C’est à cette époque