Page:Martin du Gard - Le Cahier gris.djvu/100

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si tu en crois ton ami qui n’a jamais voulu que ton bonheur, il faut te répéter que tu ne vis pas pour ceux qui ne peuvent te comprendre, pour le monde extérieur qui te méprise, pauvre enfant, mais pour quelqu’un (moi) qui ne cesse de penser à toi, et de sentir comme toi et avec toi sur toutes choses !

« Ah ! que la douceur de notre liaison privilégiée soit un baume sacré sur ta blessure, ô mon ami !


« D. »


Sans attendre, Jacques avait griffonné en marge :


« Pardonne ! C’est la faute de mon caractère violent, exagéré, fantasque, très cher amour ! Je passe du plus sombre découragement aux plus futiles espérances : à fond de cale, et, l’instant d’après, emballé jusqu’aux nues ! ! N’aimerai-je donc jamais rien de suite ? (si ce n’est toi ! !) (et mon ART !!!) Tel est mon destin ! Acceptes-en l’aveu !

« Je t’adore pour ta générosité, pour ta sensibilité de fleur, pour le sérieux que tu