Page:Martin du Gard - Le Cahier gris.djvu/29

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cru séant de le laisser là, seul avec le bon Dieu, pendant une grande heure. Puis nous sommes venu nous agenouiller à son côté. Il nous a semblé, à ce moment-là, que peut-être il avait pleuré ; mais la chapelle était obscure, nous n’oserions l’affirmer. Nous avons récité à mi-voix une dizaine de chapelet ; puis nous l’avons sermonné ; nous lui avons représenté le chagrin de son père, lorsqu’il apprendrait qu’un mauvais camarade avait compromis la pureté de son cher garçon. Il avait croisé les bras et tenait la tête levée, les yeux fixés vers l’autel, comme s’il ne nous entendait pas. Voyant que cette obstination se prolongeait, nous lui avons enjoint de retourner à l’étude. Il y est resté jusqu’au soir, à sa place, les bras toujours croisés, sans ouvrir un livre. Nous n’avons pas voulu nous en apercevoir. À sept heures, il est parti comme de coutume, — sans venir nous saluer, cependant.

« Voilà toute l’histoire, Monsieur », conclut le prêtre avec un regard fort animé. « Nous attendions, pour vous mettre au courant, d’être renseigné sur la sanction prise par le censeur du lycée contre le triste sire qui s’appelle Fontanin : renvoi pur et simple,