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Page:Martin du Gard - Le Cahier gris.djvu/54

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pas mieux que nos recherches fussent séparées ? Je veux dire : est-ce que nous ne devons pas craindre avant tout les indiscrétions des journalistes ? Ne soyez pas surprise si je vous tiens le langage d’un homme que sa situation oblige à certaines prudences, vis-à-vis de la presse, vis-à-vis de l’opinion… Pour moi ? Non, certes ! Je suis, Dieu merci, au-dessus des coassements de l’autre parti. Mais, à travers ma personne, mon nom, est-ce qu’on ne chercherait pas à atteindre les œuvres que je représente ? Et puis, je pense à mon fils. Est-ce que je ne dois pas éviter, à tout prix, que, dans une si délicate aventure, un autre nom soit prononcé à côté du nôtre ? Est-ce que mon premier devoir n’est pas de faire en sorte qu’on ne puisse pas, un jour, lui jeter au visage certaines relations, — tout accidentelles, je sais bien, — mais d’un caractère, si je puis dire, éminemment… préjudiciable ? » Il conclut, s’adressant à l’abbé Vécard, et entrebâillant une seconde ses paupières : « Est-ce que vous n’êtes pas de cet avis, messieurs ? »

Mme de Fontanin était devenue pâle. Elle regarda tour à tour les abbés, Mademoiselle,