Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nicole voulut se redresser, mais elle l’en empêcha. Elle ne voulait pas que l’enfant la vit rougir. Elle maintenait le front de la jeune fille sur son genou, et enroulait distraitement une mèche de cheveux blonds autour de son doigt, cherchant ses mots :

— « Tu as deviné bien des choses… Des choses qui doivent rester… secrètes… Tu me comprends ? » Elle penchait maintenant ses yeux sur ceux de Nicole, qui eurent une lueur rapide.

— « Oh, tante Thérèse, soyez sûre… Personne… Personne ! Ils ne comprendraient pas, ils accuseraient maman. »

Elle désirait cacher la conduite de sa mère presqu’autant que Mme de Fontanin tenait à cacher celle de Jérôme à ses enfants. Complicité inattendue, qui s’affirma soudain, lorsque Nicole, après avoir réfléchi, se releva, le visage animé :

— « Écoutez, tante Thérèse. Voilà ce qu’il faudra leur dire : Que maman a été obligée de gagner sa vie, et qu’elle a trouvé une place à l’étranger. En Angleterre, par exemple… Une place qui l’empêcherait de m’emmener… Tenez, une place d’institu-