Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/199

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tempes, la flétrissure du teint, le cerne des yeux.

— « T’es-tu corrigé ? » lança-t-il à brûle-pourpoint.

— « De quoi ? » murmura Jacques. La limpidité de son regard se troubla. Il rougit, mais garda une expression étonnée, qui était feinte.

Antoine ne répondit rien.

L’heure avançait. Il consulta sa montre et se leva ; il avait sa contre-visite à passer, vers cinq heures. Il hésitait à prévenir son frère qu’il allait le laisser seul jusqu’au dîner ; mais, contrairement à son attente, Jacques parut presque content de le voir partir.

En effet, resté seul, il se sentit comme allégé. Il eut l’idée de faire le tour de l’appartement. Mais dans l’antichambre, devant les portes closes, il fut pris d’une angoisse inexplicable, revint chez lui et s’enferma. Il avait à peine regardé sa chambre. Il aperçut enfin le bouquet de violettes, la banderole. Tous les détails de la journée s’enchevêtraient dans sa mémoire, l’accueil du père, la conversation d’Antoine. Il s’allongea sur le canapé et recommença à pleu-