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IX


Antoine, pour ménager les transitions, avait remis au mois d’octobre la rentrée de Jacques dans un lycée. Avec d’anciens camarades qui se destinaient à l’Université, il avait élaboré un programme d’études récapitulatives, qui avait pour but de rééduquer progressivement l’intelligence de l’enfant. Trois professeurs différents se partagèrent la besogne. C’étaient tous des jeunes gens, des amis. L’élève bénévole travaillait à ses heures et selon ses capacités d’attention. Antoine eut bientôt le plaisir de constater que la solitude du pénitencier n’avait pas causé aux facultés mentales de son frère autant de dommages que l’on avait pu craindre : à certains égards son esprit avait même singulièrement mûri dans la solitude ; si bien qu’après un départ assez lent, les progrès devinrent bientôt plus rapides qu’Antoine n’avait osé l’espérer. Jacques profitait,