Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/22

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visite rue de l’Université, elle avait l’impression que, souvent, ce qui se faisait là, n’était pas bien. Antoine la devinait, l’approuvait presque. Certes, si quelqu’un se fût permis de critiquer la conduite de son père, il se fût récrié ; mais, à cet instant et dans le fond de lui-même, il était, avec Mme de Fontanin, contre M. Thibault. L’an dernier déjà, — et il ne l’avait pas oublié, — lorsqu’il avait pour la première fois traversé cette atmosphère où baignaient les Fontanin, l’air familial, au retour, lui avait été plusieurs jours irrespirable.

Daniel revint. Il tendit à Antoine une enveloppe d’aspect misérable.

— « C’est la première. C’est la plus longue », dit-il ; et il fût s’asseoir.


« Mon cher Fontanin,

« Je t’écris de ma nouvelle maison. Toi, ne cherche pas à m’écrire, c’est absolument défendu ici. À part cela, tout est très bien. Mon professeur est bien, il est gentil pour moi et je travaille beaucoup. J’ai un tas de camarades très gentils aussi. D’ailleurs mon père et mon frère viennent me voir le dimanche. Tu vois donc que je suis très bien. Je t’en