Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/232

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fluence. Milieu parfait. Qui m’aiderait, même, dans ma tâche. Oui, certainement, elle m’aiderait, elle verrait même plus clair que moi ; elle prendrait vite de l’ascendant sur le petit ; c’est une femme de tout premier ordre. Mais si jamais père apprenait ça… Eh bien ? Je ne suis plus un enfant. Qui a pris la responsabilité de Jacques ? Moi. J’ai donc le droit de juger en dernier ressort. J’estime que, prise à la lettre, la défense de père est absurde et injuste : je passe outre, voilà tout. D’abord, Jacques m’en sera plus attaché. Il pensera : “ Antoine n’est pas comme papa. ” Et puis, je suis sûre que la mère… » Il se vit, une seconde fois, devant Mme de Fontanin, qui souriait : « Madame, j’ai tenu à vous amener mon frère moi-même… »

Il se leva, fit quelques pas, et vint se planter devant Jacques, qui restait immobile, la volonté tendue, férocement décidé à combattre et à vaincre l’opposition d’Antoine.

— « Je suis bien obligé de te le dire, puisque tu m’y forces : mon intention, en dépit des ordres de père, a toujours été de te laisser revoir les Fontanin. Je projetais même de t’y conduire, ainsi tu vois ? Mais