Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/284

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elle avait disparu avec sa cousine. Il se pencha vers la petite chienne, et mit un baiser sur son front satiné.


Mme de Fontanin revint dans la salle à manger afin de remettre la table en ordre. Daniel, qui la suivait distraitement, vint s’adosser au chambranle de la porte, et, silencieux, alluma une cigarette. Il pensait à ce que lui avait dit Nicole : pourquoi lui avait-on caché que sa cousine s’était sauvée de chez elle, qu’elle était venue chercher refuge chez eux ? Un refuge contre quoi ?

Mme de Fontanin allait et venait avec cette aisance de mouvements qui lui conservait l’allure d’une jeune femme. Elle songeait à la conversation d’Antoine, à tout ce qu’il lui avait appris sur lui, sur ses études et ses projets d’avenir, sur son père. « Un cœur loyal », se disait-elle ; « et quel beau front.. » Elle chercha une épithète : « méditatif », ajouta-t-elle avec un élan joyeux. Elle se souvint alors de l’idée qui l’avait traversée : une seconde, en esprit, n’avait-elle pas péché, elle aussi ? Les paroles de Gregory lui revinrent à la mémoire. Et tout