Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/44

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La porte de la chapelle s’était ouverte à deux battants, et les enfants, par trois, flanqués des surveillants, défilèrent au pas cadencé, comme pour une parade militaire. Ils étaient nu-tête et chaussés d’espadrilles qui donnaient à leur marche le pas feutré des sociétés de gymnastique ; les bourgerons étaient propres et serrés à la taille par un ceinturon de cuir dont la plaque brillait au soleil. Les plus âgés accusaient dix-sept ou dix-huit ans ; les plus jeunes dix ou onze » La plupart avaient le teint pâle, les yeux baissés, une physionomie calme, sans jeunesse. Mais Antoine, qui les examinait de toute son attention, ne surprit pas un coup d’œil équivoque, pas un mauvais sourire, pas même une expression sournoise : ces enfants-là n’avaient pas l’air d’être des terribles ; Antoine dut s’avouer à lui-même qu’ils ne semblaient pas davantage être des martyrs.

Lorsque la petite colonne eût disparu dans le casernement, dont l’escalier de bois résonna longtemps avec un rythme sourd, il se tourna vers M. Faîsme qui semblait l’interroger :

— « Tenue excellente », constata-t-il.