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Page:Martineau - Contes choisis sur l economie politique - tome 2.pdf/15

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rapport qu’en faisaient ceux qui n’avaient pas de goût pour des terres arides et une mer pleine de dangers.

Il y a dans toutes ces îles des vestiges du temps où elles ont été plus fréquentées ; du temps où l’introduction d’une foi nouvelle dans une contrée si éloignée a dû nécessairement lui donner l’aspect d’une civilisation qui maintenant est perdue depuis bien des siècles. On y voit çà et là des tombes d’une pierre grisâtre avec une croix en haut, et dans les parties les plus reculées sont des murailles renversées, qui paraissent avoir autrefois formé des ermitages. Si ces établissements, comme il est très probable, dépendaient de la cathédrale d’Iona, il paraît étrange qu’une célébrité aussi grande que celle qu’ils ont dû avoir se soit entièrement évanouie. Il ne reste pas la moindre tradition, même la plus obscure, parmi les habitants, concernant ces antiquités ; elles n’offrent donc guère d’intérêt au voyageur, qui ne peut que les examiner, et se retirer comme il est venu.

Il y eut une fois, cependant, un laird peu disposé à laisser là, sans examen, son domaine de Garveloch, comme un séjour mystérieux. Il y vint, et y revint souvent, quelquefois accompagné seulement de son intendant, et quelquefois avec des étrangers aussi curieux que lui-même. Il détruisit par ses nombreuses visites le calcul dont nous avons parlé, à la grande joie des insulaires, et au grand déplaisir du vieil intendant chargé de ces îles et de bien d’autres encore dans les mêmes parages, lequel aimait mieux prendre un ton tranchant au nom de son maître et se livrer à ses caprices envers les fermiers, que de suivre le laird pour écouter leurs demandes et leurs plaintes, et recevoir ses ordres à leur égard.

La visite du laird était tantôt annoncée à l’avance, tantôt imprévue, suivant que Callum, l’intendant, se trouvait à Garveloch ou ailleurs. Il avait un appartement à lui dans la ferme dont nous avons parlé, et l’occupait souvent plusieurs jours de suite, ce qui fait qu’il était mieux meublé et plus logeable qu’aucun autre espace renfermé entre quatre murs dans l’île. L’avantage de trouver cet appartement préparé, en cas que le temps ne permit pas de retourner le même jour sur la terre