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les services et les honnêtetés dont il avait été lui même l’objet dans l’Inde[1]. C’est ainsi que Dupleix renonça aux intimités d’une vie quasi-familiale pour courir les aventures où l’appelaient son désir de fortune et ses ambitions[2].

  1. B. N., 8979, p. 13, Dupleix à son frère, 30 novembre 1731. Dans cette même lettre, Dupleix remercie son frère d’avoir sauvé sa famille de la honte, en faisant commuer un jugement encouru par leur beau-frère Kerjean. — C’est enfin dans cette lettre que Dupleix suppose qu’il y aurait un mariage caché entre son père et une dame de Noyer, « qui, dit-il, n’est plus jeune ».
  2. Dans son ouvrage sur Dupleix, M. Guénin cite au long — d’après les mémoires du chevalier de la Farelle — le récit d’un voyage d’agrément que Dupleix fit à Madras, en septembre 1728, en compagnie de la Farelle, la Bourdonnais, Février, commis de la Compagnie, mesdames Vincens et Aumont, Adam, ancien chef anglais de Tellichery et sa femme. Cultru se contente d’en parler comme d’un épisode héroï-comique, heureusement assez rare, où des personnes occupant de hautes situations et tenues entre elles à un décorum particulièrement rigoureux, sont obligées tout d’un coup d’abdiquer toute dignité et presque tout respect devant des exigences de la nature aussi subites que désordonnées. La faute en était, paraît-il, à un cuisinier aussi facétieux que malveillant qui avait ménagé ses effets pour les faire durer pendant deux jours.

    Nous noterons simplement d’après ce récit la présence de la Bourdonnais. Nous n’en tirerons aucune conclusion humoristique, qui serait contraire à toute raison. Ce n’était pas la première fois que Dupleix et la Bourdonnais se trouvaient ensemble. On sait que le futur vainqueur de Madras était venu dans l’Inde dès 1719, qu’il y était revenu en 1728 et qu’il avait pris une part importante à la prise de Mahé les 2 et 3 décembre 1725. Puis il chercha à naviguer pour son compte dans le commerce particulier et c’est ainsi qu’avec le concours de Lenoir, il fit en 1727-28 le voyage de Moka sur le Pondichéry. C’est au retour de ce voyage que se place l’incident raconté par la Farelle.

    Dans leurs différentes rencontres, la Bourdonnais et Dupleix ne purent avoir que des relations de service très superficielles. La différence des caractères se manifeste alors avec plus de liberté et, si nous en jugeons par ses appréciations en 1736, il est probable que Dupleix eut dès ce moment pour la Bourdonnais peu de sympathie et même peu d’estime. On notera comme un fait historique curieux et non sans importance que, parmi les hommes qui, dans les années suivantes, allaient tenir entre leurs mains la destinée de nos établisse-