Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/135

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nabab étaient marqués au coin d’une bienveillance relative et, s’il n’y avait pas de vives sympathies entre nous et les Anglais ou les Hollandais, il n’y avait pas non plus à craindre avec eux de conflits inquiétants. À Chandernagor même, tout eut été tranquille, sans la querelle avec les Jésuites ; encore cette querelle était-elle pour les esprits un sujet de distraction plutôt qu’un élément de trouble véritable. Dupleix arrivait donc au Bengale pour y continuer une œuvre existante et agissante ; il mit à la développer toute son intelligence et toute son énergie.

Comme nous ne désirions ni ne poursuivions aucune conquête, la principale sinon son unique obligation fut de satisfaire aux demandes de la métropole et de développer le commerce d’Inde en Inde.

Les décisions qu’il put prendre étant subordonnées à l’avis de son conseil, il est malaisé de déterminer d’une façon précise quelle fut sa part propre dans l’administration ou la direction des affaires ; on peut cependant affirmer qu’en matière commerciale tout au moins, étant lui-même intéressé dans une quantité d’opérations où ses fonds personnels étaient engagés, il fit en général preuve d’une grande initiative et parfois d’une réelle audace. Ses appréciations sur le gouvernement des Maures sont pleines de clairvoyance. Il ne lui manqua pour mettre ses qualités en lumière qu’un champ d’action où il pût agir librement ; il ne le trouva pas au Bengale où, à défaut des ordres de la Compagnie toujours prudente et réservée, les circonstances ne le favorisèrent jamais.

Voyons quelle fut son œuvre. Dans un intérêt de clarté nous parlerons d’abord de diverses particularités relatives à la vie de Dupleix et à son caractère, puis nous traiterons successivement de ses relations avec les Maures et les étrangers, de l’administration de nos comptoirs, de leur