Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ici elle oblitérait le jugement. Non seulement on ne mit pas la main au collet de Lenoir, non seulement on ne le réduisit pas à une condition misérable, mais on en fit un des directeurs de la Compagnie, situation qu’il conserva jusqu’à sa mort.

Résigné à son échec, mais heureux du départ de Lenoir, Dupleix était plutôt satisfait de la nomination de Dumas. Depuis que celui-ci était parti de Pondichéry en 1723, leurs rapports n’avaient jamais été complètement suspendus ; on a vu plus haut que Dupleix et Vincens furent même associés un instant avec Dumas dans une propriété sise à l’île Bourbon. Dupleix salua ainsi son arrivée :

« Je vous fais mes compliments sur votre heureuse arrivée dans votre gouvernement et sur la justice que la Compagnie vous a rendue. En vous y nommant, elle ne pouvait mieux choisir. Tels sont mes sentiments sur votre chapitre. Je vous prie d’en être persuade et de me continuer votre amitié que vous m’avez conservée jusqu’à présent ; la mienne est toujours la même à votre égard ; il ne tiendra qu’à vous d’en faire l’épreuve quand vous le voudrez. »

Dupleix exprimait à d’autres personnes les mêmes sentiments. Il écrivait à St -Georges, le 19 décembre :

« Pondichéry m’a tendu les bras inutilement ; de toute éternité ce gouvernement était destiné à Dumas et certainement la Compagnie lui a rendu justice ; il le mérite de toute façon et ainsi nous sommes dans le dessein l’un et l’autre de lier une correspondance intime. Voilà à quoi a abouti de ma part tout le dépit que m’a causé sa nomination. »

Au P. Turpin : « Je ne doute pas un moment que vous n’ayez tout lieu d’être content de la douceur du gouvernement de M. Dumas. Son humeur est très compatissante et je sais que son naturel le porte à faire plaisir à tout le monde. En mon particulier je crois que la Compagnie ne pouvait faire un meil-