Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/182

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laissasse la place libre. Je n’ai donc rien à attendre que de votre bonté, c’est à elle que je m’adresse, c’est à elle que je veux faire les détails suivants : Je ne m’étendrai pas sur le temps que j’ai resté à Pondichéry pendant neuf ans… Personne n’ignore la situation dans laquelle j’ai trouvé ce comptoir-ci et cette colonie négligée depuis quarante ans et de laquelle on n’avait su tirer aucun avantage. Quels soins, quelles veilles, quels risques n’ai-je pas encourus pour la rendre digne de la jalousie des Anglais et des Hollandais qui avaient pour elle auparavant un mépris des plus parfaits ! Quand y auraient-ils vu vingt vaisseaux mouillés et expédiés dans l’espace chaque année de deux mois ? Quelles quantités d’ouvriers de toute espèce n’y sont pas attirés ! J’ai, cette année (1738), trouvé le moyen d’y abattre quatre vaisseaux ensemble. Je doute que l’on puisse en Europe, dans quelqu’un de nos ports, fournir le monde nécessaire en même temps à la carène de quatre vaisseaux. Les magasins sont fournis de tout le nécessaire à tous les équipements, et au lieu d’aller chercher comme autrefois chez l’étranger, j’ai la consolation de les voir venir chercher ici très souvent. Ce mouvement si considérable augmente de même les revenus des aidées. La Compagnie autrefois tirait tout au plus de 5 à 6.000 roupies net et quitte. Son revenu est à présent de 15.500. Cette augmentation est une marque certaine de celle des habitants de la colonie. Elle doit même être considérable puisque les revenus ont presque triplé. Les Arméniens, les Grecs, les Arabes, les Persans, les Indiens viennent volontiers apporter leurs marchandises dans nos vaisseaux qui vont dans les divers endroits de l’Inde. J’ai tiré dans des années jusqu’à 70.000 roupies de fret. Ce n’a pu être un petit travail que de leur faire changer le seul chemin qu’ils connaissaient autrefois. Celui que je leur ai ouvert est si connu et si facile que j’ai depuis plusieurs années la satisfaction d’apprendre que l’on affiche à Calcutta des défenses à tous ceux de ces étrangers qui en sont de rien mettre sur nos vaisseaux. »

Dupleix parle ensuite des vices qu’il a trouvés en arrivant à Chandernagor et parmi lesquels il relève la crapu-