Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des pilotes à des navires opérant en réalité pour la Compagnie d’Ostende. Dupleix ayant protesté auprès du Conseil de Calcutta, il se tint à Chandernagor le 9 janvier 1732 une conférence des députés des trois Conseils. Ceux de Calcutta et de Chinsura déclarèrent que tout ce qui s’était passé était le seul fait des capitaines et qu’ils n’avaient jamais songé à prendre une supériorité sur nous dans le Gange, Ils déclarèrent pourtant qu’ils ne pouvaient se dispenser de donner des ordres au bas de la rivière, de faire montrer leur commission à tous les capitaines des bâtiments portant pavillon français, crainte, disaient-ils, qu’il n’entrât ou sortît quelques vaisseaux ostendais à la faveur de notre pavillon. Les délégués français leur firent sentir tout le ridicule de supposer que des vaisseaux chargés ou déchargés à Chandernagor ne fussent pas français, et l’on arriva à une solution mixte en vertu de laquelle les vaisseaux descendants ne seraient pas soumis au contrôle étranger et qu’on attendrait pour les autres des ordres du Conseil de Pondichéry. « Il est de conséquence, concluait Dupleix en rendant compte de l’incident à la Compagnie, de ne pas laisser prendre un pied à ces deux nations et de soutenir la neutralité de la rivière, le gouvernement du pays en étant incapable[1]. »

Ainsi c’était beaucoup moins pour contrarier nos opérations que pour empêcher les manœuvres de la Compagnie d’Ostende que les Anglais et les Hollandais inquiétaient nos navires. Si nous ne fûmes pas assez forts pour nous opposer d’abord purement et simplement à leurs prétentions, du moins gagnâmes-nous à ces luttes où nous n’intervînmes pas directement, de voir nos concurrents

  1. A. P. t. 102, p. 267.