Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/227

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laquelle il paraissait que la France et l’Angleterre dussent se trouver en antagonisme. C’est en Europe que les inquiétudes furent les plus vives. La guerre éclata, en effet, à propos des affaires de Pologne ; si l’Angleterre y prenait part, il était à craindre qu’elle ne fut transportée dans l’Inde. En prévision de complications possibles, la Compagnie avait, dès le 31 octobre 1733, donné des instructions sur la conduite à tenir par notre comptoir du Bengale :

« Quoique la Compagnie, disait-elle, soit informée que les nations d’Europe, suivant les intentions de l’empereur mogol, ne puissent commettre aucun acte d’hostilité dans le Gange, quelque guerre qu’il y ait d’ailleurs entre elles en Europe, vous devez néanmoins vous tenir exactement sur vos gardes et en observant de ne commettre aucun acte d’hostilité entre les Anglais et les Hollandais, vous mettre en état de parer les coups qu’ils pourraient vous porter, si on en venait en France à une rupture ouverte entre ces deux nations. C’est dans cette vue que vous devez tenir la main à ce que le soldat soit bien discipliné, veiller à la conservation des munitions de guerre que vous avez à Chandernagor et surtout au ménagement de la poudre d’Europe pour vos besoins pressants et celui des vaisseaux. »

La Compagnie jugeait l’avenir si inquiétant qu’elle envoya aux îles, puis dans l’Inde, un bateau spécial, le Dauphin, pour informer tous nos établissements de la situation des affaires en Europe et inviter le Conseil des îles à assurer le retour des vaisseaux qui auraient pu quitter l’Inde à la fin de 1733 ou au début de 1734. Le Dauphin rencontra, en effet, ces vaisseaux à l’Île de France et sur les avis qu’il leur donna, ils partirent tous de conserve pour faire leur retour en France[1].

  1. A. P., t. 102, p. 190 et 200.