des derniers… Vous devez savoir la raison qui avait retenu les vaisseaux de la Compagnie d’Angleterre ; ils ont relâché à l’île de Bourbon où on leur a procuré tous les secours qu’il a été possible ; je suis charmé de cette bonne intelligence entre les deux Compagnies. Je souhaite qu’elle puisse durer longtemps[1]. »
C’était l’année des souhaits. En mars 1786, les Anglais eurent de grosses difficultés avec le nabab, comme il arrivait lorsque ce prince avait besoin d’argent. Ils crurent l’amener à composition en prenant le parti de ne plus faire aucun achat de marchandises dans l’espoir que les revenus qu’elles produisaient venant à manquer, le nabab serait le premier à proposer un accommodement. Ils décidèrent en même temps de ne rien laisser rien sortir de Calcutta. Dupleix fit des vœux pour le succès des Anglais[2], mais il n’y croyait guère. Loin d’être jaloux de leur action, il souhaitait au contraire qu’elle se manifestât pour triompher de l’inertie et de l’hostilité des Maures ; toutes les nations y gagneraient. Les Angrias venaient précisément de s’emparer à la Côte Malabar de trois bateaux anglais dont un d’Europe. L’affaire eut un retentissement considérable dans l’Inde entière et beaucoup de commerçants du Bengale manifestèrent l’intention de charger désormais leurs marchandises sur nos vaisseaux plutôt que de les confier à des concurrents si malheureux ou sachant si mal se défendre. Bien que cette perspective nous fut favorable, Dupleix n’en continua pas moins de souhaiter que les Anglais prissent des mesures contre des pirates aussi formidables ; au besoin il eut incité la Compagnie d’Angleterre elle-même à intervenir[3].