Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/231

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ami Hume de lui faciliter la continuation de ses services à la Compagnie d’Angleterre. Il lui recommanda en même temps, avec toute la discrétion d’usage, pour le poste de chef de Cassimbazar ou de Patna, Roussel, second de Calcutta, qu’il estimait un honnête homme et, ce qui paraîtra maintenant plus croyable, il considérait en général les membres du Conseil de Calcutta comme des gens d’esprit et les mieux qualifiés pour conduire et développer ses intérêts[1].

Dupleix alla passer quelques jours chez Braddyl en 1739 et leurs bonnes relations continuèrent jusqu’à son départ, aucun intérêt de quelque importance ne s’étant mis en travers. Il ne faut donc pas chercher dans des animosités mal éteintes les causes du conflit qui quelques années plus tard mirent aux prises Dupleix et les Anglais à la côte Coromandel. Ce fut la politique des peuples, généralement supérieure à celle des individus, qui seule déchaîna l’orage d’où devait sortir l’hégémonie anglaise dans l’Inde. On sait au contraire que, le jour où la lutte fut imminente comme une des conséquences de la guerre en Europe, Dupleix fit tous ses efforts pour en excepter l’Inde et y maintenir la paix entre les deux Compagnies, ce furent les Anglais qui refusèrent d’adhérer à cette politique, prenant ainsi dans un intérêt légitime que nous ne contestons pas, l’initiative d’une rupture retentissante, conforme à leurs sentiments nationaux. Il était naturel que ce jour-là Dupleix leur résistât avec d’autant plus d’ardeur qu’il avait été plus conciliant, et ne

  1. En cette lettre qui est du 28 décembre 1738, Dupleix informe Hume qu’il lui envoie à titre amical par le Duc de Cumberland 50 bouteilles d’araque de Goa et 49 de Batavia, en deux caisses distinctes — une bouteille de moins dans la seconde caisse pour que Hume puisse les distinguer plus aisément.