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apercevoir. Je tiendrai les mains à ce qu’il n’y soit rien changé (à la diminution des dépenses) et je ferai voir à M. Lenoir et à sa clique que je sais mettre de l’ordre où il n’y en a jamais eu. »

Dupleix exagérait en mettant si rudement en cause Lenoir et sa clique, laquelle dans l’espèce était le conseiller Dirois, mais il est impossible, faute de documents, d’apprécier exactement leur gestion financière. Les déficits qui pouvaient se produire dans un exercice budgétaire résultaient moins d’une mauvaise utilisation des fonds que de l’insuffisance des envois de la métropole. Pour les dépenses courantes on avait beaucoup plus qu’aujourd’hui le sens net et précis des limites que l’on ne doit pas dépasser ; le gaspillage n’était pas couvert par l’indifférence des autorités constituées. Quoi qu’il en soit, le souci de l’économie n’alla pas chez Dupleix jusqu’à supprimer les dépenses nécessaires. Dès le premier jour de sa direction, il fit achever la construction de l’hôpital qui put recevoir jusqu’à 50 ou 60 malades tant des vaisseaux que de la garnison, et c’étaient peut-être les vaisseaux qui en fournissaient le plus. La longueur des traversées développait à bord le scorbut et autres maladies. Nombreux étaient les officiers et matelots qui arrivaient à Chandernagor juste à temps pour y finir leurs jours. De 1733 à 1741, on ne compte pas moins de 16 officiers de vaisseaux qui succombèrent ainsi au Bengale après avoir résisté aux épreuves de la traversée. De ce nombre furent Guillaume Fouquet, capitaine de la Thétis en 1733 ; Carroux, officier sur le Triton en 1737 ; Delahaye, second du Saint-Géran en 1740.


En 1732, Dupleix acheta moyennant 1.800 roupies un terrain à un nommé Coja Petrus, arménien, pour y cons-