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suite le Conseil de Chandernagor exécute aveuglément les ordres de Pondichéry, bien que cette conduite ne puisse tendre au plus grand bien des affaires. L’intérêt particulier a plus de part que les nécessités du service dans la supériorité que veut se réserver le Conseil supérieur. Dupleix peut en parler en toute connaissance de cause, puisqu’il a été conseiller à Pondichéry et quand il y serait gouverneur « il ne changerait point de sentiment à cet égard. »

Il en changea si bien que le jour où il fut nommé gouverneur de Pondichéry il ne songea nullement à réaliser l’indépendance de son ancienne direction ; tant il est vrai que les points de vue changent avec les situations. Dupleix justifiait ainsi par avance la décision de la Compagnie.


Dans le même temps où la Compagnie consacrait d’une façon aussi nette la supériorité du conseil de Pondichéry, elle prenait à l’égard de ses employés une série de mesures d’une certaine importance, où l’esprit critique de Dupleix allait encore se manifester, parfois de la façon la plus judicieuse.

Par une lettre du 30 octobre 1736, elle décida de réduire à 1.500 francs les appointements de tous les conseillers mais de donner 500 livres de plus au teneur de livres, 300 au garde-magasin et autant au gemidar. Ce fut une source de discorde jetée au sein du Conseil. Il se trouva que les trois postes en question étaient tenus par les trois plus jeunes conseillers, qui se trouvèrent ainsi plus payés que les anciens. Ceux-ci protestèrent de la façon la plus énergique. Les arguments de bons sens et de justice ne leur manquaient pas. Dupleix ne chercha pas un instant à concilier des intérêts aussi contradic-