CHAPITRE VII
Le commerce d’Europe.
« Le Bengale, disait Dupleix presque au lendemain de son arrivée à Chandernagor[1], est bel et bon pour y gagner vite du bien, mais l’air n’y vaut pas le diable ; l’on y crève comme des mouches sans avoir le temps de la réflexion. » En dépit de cette appréciation quelque peu excessive, Dupleix se porta en général assez bien, grâce à un régime plus régulier que sévère, mais il ne fit pas une grosse fortune.
Il travaillait presque sans relâche, sauf pendant les lourds mois d’été, où il y avait une certaine stagnation des affaires. Le reste de l’année, il était occupé soit à passer des contrats avec les marchands et à vérifier les livraisons, soit à charger les navires. Il ne ménageait alors ni sa peine ni son temps ; il allait sans cesse des bureaux aux magasins et des magasins aux navires, inspectant tout, contrôlant tout lui-même, ne laissant rien au hasard.
Lorsque les derniers navires étaient partis, fin janvier ou au début de février, il allait se reposer à la campagne, à quelque distance de Chandernagor. Il y avait acheté, dès 1732, à Satgazia, un jardin de 125 toises de long sur 85 de large, auquel il donna tous ses soins et où il séjourna d’abord sous la tente. Puis il fit bâtir une
- ↑ B. N. 8979, lettre du 30 novembre 1731.