daient peut-être pas autant de passion ; quoi qu’il en soit, il ne fut gardé de part et d’autre que peu de mesure, Saint-Paul injuria Dirois, qui demanda justice à Dupleix et Dupleix ne parvint à calmer les esprits qu’en levant la séance et en ordonnant à Saint-Paul de se tenir consigné chez lui jusqu’à nouvel ordre. Mesure de pure forme, car Saint-Paul eut la liberté de sortir dès le lendemain.
Dupleix croyait tout perdu, mais la grâce de Dieu est infinie. Les deux Pères durent reconnaître qu’ils avaient donné un fort mauvais exemple et, après s’être consultés, ils revinrent le soir même trouver Dupleix et le théatin lui déclara que les pouvoirs qu’il tenait du vicaire de Vara n’étant pas réguliers, il renonçait aux fonctions curiales. Il partit peu de temps après pour Pondichéry en même temps que Dirois et l’ordre parut rétabli. Le P. Anselme, nommé aumônier de la loge par le Conseil supérieur, conservait sa charge, tandis que les Jésuites, réinstallés dans leurs fonctions curiales en la personne du P. Boudier, restaient provisoirement maîtres d’une situation que Dirois leur avait si âprement discutée. Mais, disait à ce sujet Dupleix, « les jugements des hommes ne sont que vanité. Dieu seul décidera sans appel[1]. »
En attendant ce douteux appel, les conséquences de la renonciation et du départ du P. Saldin ne tardèrent pas à se faire sentir et ce ne fut pas au profit de la charité non plus que de la modération. Pour éprouver son autorité, le P. Boudier commença par annuler trois mariages célébrés par le théatin les 2, 30 avril et 6 mai 1731, dont l’un d’un européen, le chirurgien la Gouche ou la Gonge. Puis il se mit à persécuter un capucin italien, fixé à
- ↑ B. N. 8979, p. 16.