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À la fin de 1737, Dupleix recruta pour les Îles un certain nombre de lascars qui se sauvèrent presque tous ; à leur passage à Pondichéry il n’en resta que huit qu’on préféra renvoyer au Bengale, tellement ce chiffre eut produit une mauvaise impression aux îles. Quelques jours après, le Conseil supérieur en renvoya 24 autres qu’il venait de recevoir et qui avaient fini leur temps. Le recrutement de ces lascars était toujours une opération délicate, tant par la répugnance des hommes à s’engager que par les obstacles opposés à leur départ par le gouvernement du nabab. Il était contraire à la religion qu’un Indien quittât son pays par mer ; ce sentiment n’a pas encore complètement disparu. De crainte d’exposer l’administration de Chandernagor aux insultes et à la tyrannie des Maures, le Conseil supérieur lui recommanda d’agir avec prudence et même de ne plus faire de recrues sans de nouveaux ordres (30 septembre 1738). La Compagnie mise au courant de ces difficultés fut plus explicite encore ; par lettre du 29 décembre 1738 elle défendit expressément d’envoyer aux îles des lascars ou aucun ouvrier de quelque nature que ce put être, mais on devait continuer de leur fournir les approvisionnements dont elles pouvaient avoir besoin.


1738-1739.

Achem. — Le pays était très troublé par des discordes intestines. Le roi nous avait promis une diminution de nos droits et ne la réalisait pas : il nous devait d’autre part 70 lattys d’or sur l’armement de la « Ressource ». Avant de s’engager sur nouveaux frais, Dumas et Dupleix tinrent à éclaircir la situation et ils firent partir pour Achem, le premier Pattelin et Lenoir et le second un nommé Duguéros pour essayer d’arranger les affaires. Les rapports de ces agents ne concordèrent point ; tandis que Duguéros laissait entrevoir de la part du roi les offres les plus obligeantes et les plus avantageuses à la nation. Pattelin et Lenoir, moins optimistes, craignaient que, sous des propositions flatteuses, il ne se cachât quelques mauvais desseins