Leur première entrevue qui eut lieu le même jour à la tombée de la nuit fut vive mais non orageuse. La Bourdonnais les mit aussitôt au courant de ses pourparlers avec les Anglais ; ils furent étonnés de voir les choses aussi avancées et lui répondirent que c’était bien à tort qu’il prenait à son compte une pareille affaire. Ils lui suggérèrent de retarder au moins jusqu’au 15 janvier la restitution de la place, mais il leur dit que, si les Anglais accédaient à ses conditions, il avait donné sa parole d’honneur de l’évacuer le 10 octobre. Quant à débattre cette question ou tout autre avec un conseil siégeant à Madras, il n’en avait nul besoin et il agirait tout seul[1].
Les députés auraient pu rompre les pourparlers sur cette déclaration, mais soit que le ton de la conversation en ait adouci les termes, soit pour tout autre motif, les députés se tirèrent d’affaire en disant à La Bourdonnais qu’ils étaient animés du même désir que lui de servir le roi et que tous devaient avoir les mêmes vues.
Leur attitude n’ayant pas rendu toute conciliation impossible, la Bourdonnais crut pouvoir écrire le lendemain (27 septembre) à Dupleix pour faire appel à ses bons sentiments, le prier de cesser des tracasseries qui faisaient plus de tort à la nation qu’à nos ennemis et l’inviter à ne voir que ce qu’il y avait à faire pour l’avenir. Il avait encore une belle escadre et si Dupleix voulait seconder ses projets, il irait à Pondichéry s’aboucher avec lui, sinon il pousserait tout droit aux îles en donnant ordre à ses
- ↑ Les députés envoyés à Madras, ont rédigé un journal des événements dont ils furent les acteurs ou les témoins, du 26 septembre au 6 octobre. Ce journal, qui avait été demandé par Dupleix, est assez détaillé et très précis, mais aussi extrêmement passionné et probablement sujet à caution sur certains points. Nous l’avons naturellement utilisé, mais sous toutes réserves. (A. C. C2 81, p. 242-263.)