Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/397

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moment de l’inexécution du traité. Ce n’est pas certain ; ils le pouvaient sans doute, mais où étaient les preuves de leur créance et ne couraient-ils pas au contraire le risque d’être accusés de collusion avec l’ennemi pour avoir contracté un marché humiliant et, ce qui était plus grave, inutile ?

La discrétion s’imposait et peut-être les conseillers de Madras l’auraient-ils toujours observée, sans les réclamations des prêteurs. Il fallut alors fournir des explications ; or, à moins de contester l’authenticité des billets, comment ceux qui les avaient eux-mêmes délivrés, les auraient-ils expliqués, sinon par un mensonge collectif, dont l’invraisemblance n’eut pas manqué d’être évidente ? Bon gré, mal gré, les détenteurs du secret étaient condamnés à dire la vérité.

Que par suite de leurs dépositions contenues dans la Law Case et des révélations plus nettes encore du Journal d’un propriétaire, la Bourdonnais se trouve chargé devant l’histoire d’une grave accusation, cela n’est pas douteux ; mais les Clive et les Warren Hastings n’ont-ils pas été eux aussi accusés et convaincus d’exactions sans nombre et cependant les Anglais n’ont pas cessé de les ranger parmi leurs plus grands hommes.

Qu’avaient-ils fait ? De quoi les accusa-t-on ? Au moyen des pouvoirs dont il était investi, Clive s’était fait donner à divers titres 234.000 livres sterling, soit près de 6 millions de francs et cela, dit son accusateur, le colonel Burgoyne, « au mauvais exemple des fonctionnaires publics, au détriment et au déshonneur de l’État ». Sans écarter aucun des faits reprochés, en les déclarant au contraire nettement établis par un vote qui rallia 155 voix contre 95, la Chambre des Communes refusa cependant de proclamer que Clive avait abusé de ses pouvoirs et adopta