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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/131

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réussit au-delà de toute espérance. Dans la nuit du 27 au 28, Latouche pénétra à l’improviste dans le camp endormi, le traversa de part en part avec sa petite troupe et, sans donner à l’ennemi le temps de se reconnaître, revint après lui avoir infligé une perte d’environ un millier d’hommes[1].

Cet audacieux coup de main valut une grande victoire. Il jeta l’alarme parmi l’armée de Nazer j. ; beaucoup de ses officiers avec leurs troupes commencèrent à l’abandonner et Morarao nous fit des propositions d’accommodement. Comme il n’avait au fond plus rien à démêler avec nous depuis la soumission de Muzaffer j., le soubab prit très simplement le parti de la retraite et le 30 il leva son camp. Le capitaine Cope et le major Lawrence reçurent leur congé et retournèrent à Fort St-David.

Dupleix laissa les Maures opérer tranquillement leur retraite ; il n’avait aucune visée sur le Décan et pourvu qu’il restât maître du Carnatic le reste lui importait peu.


Si peu intéressé qu’il fut aux événements mêmes de Pondichéry, Nazer j. n’en restait pas moins fâcheusement impressionné par l’obstination de Dupleix à soutenir les droits de Muzaffer j. ; la mission Delarche-Bausset avait laissé en son esprit une sourde rancune. Ne pouvant s’en prendre à nos établissements de la côte Coromandel, où son impuissance avait été démontrée, il se retourna vers la côte d’Orissa, et dès le départ de la mission, il donna à Coja Namet Ulla khan, nabab d’Ellore et de Rajamandry et au faussedar de Mazulipatam, l’ordre de nous expulser l’un d’Yanaon et l’autre de la ville même de Mazulipatam.

  1. Dupleix fit donner le même jour une gratification de 1.500 rs. aux officiers et soldats qui avaient pris part à l’action.