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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/205

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une profonde impression sur Mahamet Ali. Dupleix, voyant la retraite ou plutôt la fuite des Anglais, s’était un instant flatté de l’espoir qu’ils entreraient avec lui en composition et, dans cette idée, il avait tracé à d’Auteuil les conditions qu’il devait leur proposer : abandon de la cause de Mahamet Ali, rappel de leurs troupes de Trichinopoly, enfin restitution à Chanda S. de Vredachalam, Ponnamally, St-Thomé et Trivendipouram (Lettre du 24 juillet). Mais les Anglais ne bougèrent pas.

On vit par contre reparaître Mahamet Ali. Agit-il de son propre mouvement ou à l’instigation de ses alliés ? on ne saurait le dire d’une façon précise. Quoiqu’il en soit, il crut ou feignit de croire que la victoire finale pourrait se déclarer en notre faveur et à tout hasard il nous fit de nouvelles ouvertures. Dupleix, se faisant fort de la ratification de Salabet j., lui promit la remise de ses dettes et le gouvernement des quatre circars ou provinces de la côte d’Orissa : Ellore, Mustafanagar, Chicacole et Rajamandry. Il n’était jamais allé si loin dans la voie des concessions.

Si Mahamet Ali avait agi de bonne foi ou joui de la liberté de ses mouvements, il aurait envoyé une personne qualifiée pour s’entretenir avec d’Auteuil et suivre ouvertement les pourparlers, mais, soit prudence, soit fourberie, il aima mieux négocier dans le plus grand mystère et, pour moins attirer l’attention sur ses manœuvres, il eut recours aux bons offices d’un personnage obscur, nommé Abd oul Kader, qui s’en allait d’un camp à l’autre en trompant la vigilance des sentinelles.

Au bout d’un mois, on n’était pas plus avancé ; Mahamet Ali, n’étant pas le maître de ses actions, déclarait ne savoir comment terminer l’affaire et cependant, disait-il, il ne voulait pas mécontenter Dupleix. Pressé de se