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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/226

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mois, pour prêter un concours effectif à Mahamet Ali. Leur neutralité se fût peut-être prolongée, si Law avait remporté quelques succès ; car il n’est pas dans l’habitude des Indous de prendre le parti du plus faible, mais depuis la fin de décembre où il avait pris toutes ses dispositions pour investir la place, Law, se sentant déborder par les forces supérieures de l’ennemi, était comme paralysé. Il n’avait plus confiance en lui-même ni en personne. Il passait son temps à réfléchir et ne cherchait qu’un moyen de se débarrasser des lourdes responsabilités qui pesaient sur ses épaules. Ne demanda-t-il pas un congé pour assister aux couches de sa femme à Pondichéry[1] ? Il subissait la loi des événements plutôt qu’il ne cherchait à l’imposer.

Dupleix, on le comprendra sans peine, s’impatientait, s’énervait de ces irrésolutions que ne justifiaient, à ses yeux, ni la supériorité ni les menaces de l’ennemi. Ce n’est pas en agissant de la sorte, faisait-il savoir à Law dès le 13 janvier, que du haut du roc de Trichinopoly on criera de sitôt : Vive Law et ses officiers. N’était-il pas pénible d’avoir dépensé tant d’argent et envoyé une artillerie aussi considérable pour arriver à d’aussi piètres résultats ? On était au point mort de la lutte. Dupleix cependant expédiait à chaque moment de nouveaux renforts plus ou moins importants et vidait sa bourse pour suffire aux besoins de l’armée. Il balançait ainsi les secours qui arrivaient à l’ennemi et tout compte fait nous gardions — du moins il le pensait — la supériorité du nombre, tant en Européens qu’en cipayes ou cavaliers indigènes, 30.000 hommes environ. Law ne bougeait toujours pas. Il comptait pour peu le nombre, la

  1. Les maris, lui répondit Dupleix, ne se prêtent pas d’ordinaire à des spectacles aussi dégoûtants.