Aller au contenu

Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ananda, ne put, le jour où il apprit la nouvelle (18 juin), ni aller à l’église ni dîner. Non moins cruelle pour son amour-propre et plus fâcheuse encore pour son prestige fut la capitulation de Law, qui se produisit à peu près en même temps. Le 12 juin, ne pouvant plus résister faute de vivres, Law, passant par dessus les recommandations de Dupleix, pria Lawrence d’employer la médiation des Anglais auprès du nabab. Lawrence s’aboucha donc avec Mahamet Ali et lui communiqua ses intentions : elles étaient qu’on lui livrerait les deux pagodes de Sriringam avec tout notre matériel de guerre et les vivres qui nous restaient, — que les Européens, topas et cafres servant dans nos rangs seraient prisonniers de guerre, — que les officiers seraient laissés en liberté après avoir promis de ne plus servir contre Mahamet Ali et ses alliés, — qu’enfin on ne ferait pas de mal aux déserteurs.

Ces conditions ayant été acceptées et signées, nous remîmes à l’ennemi tout notre matériel de guerre, dont 41 canons ; nos troupes sortirent de Sriringam le 13 juin au nombre de 600 européens et 300 cipayes[1] et Dalton prit possession des deux pagodes. Les troupes de Chanda S., ayant accepté la protection de Mahamet Ali, se séparèrent et se retirèrent où bon leur convenait.

*

Law resta quelques jours prisonnier des Anglais ; remis en liberté sur parole, il revint à Pondichéry, où il fut arrêté. S’il avait véritablement trahi la cause du roi ou simplement fait preuve d’une incapacité notoire, le devoir de Dupleix était de le traduire en conseil de guerre ; mais les preuves formelles faisant défaut, Dupleix chargea

  1. Tels sont les chiffres que donne Lawrence. Orme parle de 35 officiers, 780 soldats et 2.000 cipayes.